Amnesty International

Adama

Barrow

The Gambia

Monsieur le Président,

Je vous écris pour vous exprimer ma préoccupation concernant l'impact socio-économique et environnemental négatif  que la surpêche par différents acteurs de la pêche sur la côte gambienne, a sur les droits humains, en particulier sur ceux de la communauté de Sanyang.

Je suis conscient que l'industrie de la pêche joue un rôle important dans l'économie gambienne. Les communautés des villes côtières de Gambie, telles que la communauté de Sanyang, dépendent fortement des poissons pélagiques, ces poissons vivant près de la surface de l'océan, ou de leur apport quotidien en protéines, ainsi que de leurs activités économiques. Cependant, au cours des dernières années, les activités de l'industrie de la pêche a entraîné une surpêche avec des impacts socio-économiques et environnementaux négatifs.

Les droits économiques et sociaux des populations locales, notamment le droit à l'alimentation et le droit au travail sont menacés du fait des activités de tous les acteurs de la pêche ; des acteurs tels que les chalutiers venant d'autres pays qui pratiquent parfois une pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et les usines de farine de poisson.

Les activités des bateaux industriels (légaux et illégaux) ainsi que les usines de farine de poisson ont contribué à la réduction des ressources marines au fil des ans. Les poissons, en particulier le bonga et la sardinelle, en raison de leur prix abordable, représentent la source la plus importante de protéines animales pour la population locale. Les pêcheurs artisanaux se plaignent également que leurs filets de pêche sont coupés quotidiennement par des bateaux industriels étrangers qui se rapprochent du rivage au delà de ce qui est autorisé, causant ainsi des pertes économiques substantielles. En conséquence, les transformateurs artisanaux de poisson et les vendeurs de poisson sont également touchés par la pénurie de poisson et la hausse du coût du poisson, de même que les restaurateurs. Ils ont tous exprimé leur frustration face à la disponibilité réduite du poisson au cours des cinq dernières années.

Les usines de farine de poisson contribuent également à un impact socio-économique et environnemental négatif sur les droits humains. En Gambie, il existe jusqu'à présent trois usines de farine et d'huile de poisson. Ces usines transforment les poissons pélagiques, comme le bonga et la sardinelle, en huile de poisson ou en poudre appelée farine de poisson qu'elles exportent ensuite pour nourrir les animaux de ferme ou les poissons voraces en Asie, en Amérique et en Europe. En fait, l'industrie a besoin d'une quantité importante de poisson : il faut environ 4,5 kg de poisson pour faire 1 kg de farine de poisson. Nessim Fishing and Fish Processing Co Ltd (Nessim), l'entreprise de farine et d'huile de poisson opérant à Sanyang depuis 2018, cible les poissons pélagiques les plus consommés par la population locale, menaçant ainsi la disponibilité de ces poissons sur le marché local.

Il existe également des plaintes spécifiques de la communauté concernant l'impact environnemental, économique et social potentiel dû à l'activité de l'usine de farine de poisson Nessim à Sanyang. Les femmes travaillant dans les jardins derrière l'usine ont affirmé que leur productivité avait diminué depuis l'ouverture de l'usine en raison d'une augmentation des parasites infectant leurs légumes, qu'elles attribuent à la pollution provenant de l'usine. En conséquence, ils ont du mal à cultiver des légumes, en particulier des tomates et ont vu leurs bénéfices diminuer. Les propriétaires de restaurants, de lodges et de bars à jus affirment également être négativement impactés par l'usine. Ils disent perdre des clients à cause de l'odeur nauséabonde provenant de l'usine lorsqu'elle fonctionne, qui atteint les lodges et les restaurants le long de la plage.

De plus, tous les acteurs de la pêche contribuent également à la dégradation de l'environnement, notamment en pêchant certaines espèces déjà surexploitées. La surpêche contribue au risque d'insécurité alimentaire dans le pays.

Je voudrais également vous rappeler que le gouvernement gambien a le devoir de protéger ses citoyens contre les violations des droits humains par tous les acteurs, y compris les entreprises. En tant que tel, le gouvernement devrait assurer une surveillance adéquate des eaux gambiennes contre la pêche illégale et non réglementée et adopter une législation obligeant les entreprises à faire preuve de diligence raisonnable en matière de droits humains dans leurs opérations et leurs chaînes d'approvisionnement. Enfin, une enquête sur les impacts socio-économiques et environnementaux potentiels associés aux activités de l'usine doit être menée et, s'il s'avère qu'il y a eu manquement, des recours doivent être prévus en conséquence.

Cordialement,

Adama

Barrow

The Gambia

Monsieur le Président,

Cordialement,

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